...Mme Vontobel Elrach
"Dans la peau de" : la plume a doublé le thème du souvenir pour ce second texte.
"Pas que des mots mais un bonheur, pas qu'une chose pour laquelle on pleure", non, le souvenir est bon, beau, et vous entraîne dans son tourbillon flou et agréable. Entre rappel et avenir, laissez-vous guider, par le souvenir !
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? : Auriez-vous un rendez-vous Madame ?
Elle : Oui, place Rathaus, dans une heure..
? : Réjouissance ! Mais où donc vous rendez-vous, exactement ?
Elle : « Où ? » … où » ?... Je ne sais moi… sur le banc… près du Plaisir sucré…
? : Oui je vois, mais lequel ?
Elle : Roh bigre, avec toutes vos questions hein ! « Lequel » , c’est à dire ?
? : Quel...Quel plaisir, quelle saveur ?
Elle comprit. Une seconde de silence lui permit de le retrouver…
Elle : Celui que nous avions pris tous les deux de façon identique sans le savoir, qui timidement à l’ombre chuchote un « Bonjour, me feriez-vous l’immense plaisir de me le permettre ? » pour que je l’autorise à prendre place à mes côtés… c’est la saveur d’une journée d’été volée à l’autorité, le croquant de son audace, vous… te souviens ?
? : Oui, oui bien sûr que je me souviens, petite insensée, vous aviez seulement dit « Je vais prendre l’air !». La place était animée, elle résonnait de rires, vibrait de cris, elle tourbillonnait de couleurs, d’odeurs, sous le charme il…
Elle : NON faux, c’était un platane !
?i : Non… il était sous « votre » charme… et puis plus rien n’existait si ce n’est vous, si ce n’est toi…
Elle : Sourires, coups d’œil volés… rassasiée je n’ai point terminé ma pâtisserie et j’en ai oublié de rentrer à l’heure, Papa m’a grondé et bien joliment… !
? : Et dire qu'il avait honteusement souillé sa sublime camisole blanche…
Elle : Oh tu te rappelles ?
Lui : Quoi ?
Elle : De notre premier échange qui narguait la bienséance, qui était plus que hardi en ébruitant le conseil de mère-grand « Essayez cela pour ôter la tache »… mais diablement agréable…Oh que oui…
Lui : ….Et je me souviens aussi…
Elle : Quoi ? Quoi ??? Dis-moi, dis moi tout !
Lui : Non je ne le peux pas, pas ici, pas maintenant, il vous faut revenir à la réalité, à plus tard…
Joséphine réalisa violemment qu’elle était debout devant sa coiffeuse, prise d’une énergie soudaine, les poings serrés et le regard fixe. Son visage était certes dépoudré mais demeurait de nacre ; bien que marqué par les années, il venait de rosir et de retrouver un éclat de jeunesse.
Votre pensée est fort certainement « Mais à qui parlait-donc cette « vieille aliénée ? ». Peu importe, retenez simplement que le miroir vous renvoie un reflet, le vôtre bien sûr : celui d’aujourd’hui, mais également celui d’hier. Un souvenir, une réflexion oui : il est un arrêt sur vous… et s’il est une chose qui vous marque de façon indélébile, c’est bien la rencontre amoureuse, ou plutôt, ce qu’elle laisse…
Blottie au creux d’une nuit douce, Mme Vontobel Elrach avait osé ouvrir l’écrin fragile de sa vie pour admirer ce qu’il contenait encore. Le refermer fut cruel… et pourtant, pourtant ce n’était que Morphée qui l’appelait à elle… !